Utilisation de Mastatest : retour d'expérience d'un praticien sur le traitement ciblé des mammites

Les différentes études terrain publiées comparant la réussite lors de mammites non sévères d'une antibiothérapie systématique immédiate à celle d'un traitement sélectif différé n'ont pas montré de différences significatives sur le taux de guérison bactériologique ni sur celui des rechutes.

© Laurent Mascaron

Laurent MASCARON

Correspondant en infectiologie et vaccinologie

Courriel : l.mascaron@orange.fr

Diagnostic

Notre confrère Olivier Salat (clinique vétérinaire de la Haute Auvergne (15100 Saint-Flour) et membre des commissions Vaches laitières et Qualité du lait de la SNGTV*) a fait part de son expérience dans le traitement des mammites lors de la présentation de Mastatest ND par Vetoquinol, le 16 novembre, à Paris. Sa clinique a installé un analyseur Mastatest ND dans différentes exploitations et développé un protocole spécifique avec une fiche de recueil des commémoratifs envoyée par l'éleveur par MMS sur une ligne téléphonique dédiée. Dans les 24 heures, il peut prescrire un traitement adapté sans que l'éleveur ait besoin de porter les prélèvements à la clinique. Le nouvel outil Mastatest avait fait l'objet d'une présentation dans un premier article publié dans la DV n° 1652.

« Il est indispensable, pour réduire l'usage des antibiotiques et cibler le traitement, de connaître l'agent pathogène, 70 % des antibiotiques utilisés en élevage laitier étant prescrits dans le cadre de la santé mammaire et en particulier lors de mammites cliniques. L'étiologie de ces dernières est caractérisée par la prédominance actuelle des germes d'environnement (E coli et Streptococcus uberis) », a rappelé notre confrère Olivier Salat, praticien à la clinique vétérinaire de la Haute Auvergne (15100 Saint-Flour) et membre des commissions Vaches laitières et Qualité du lait de la SNGTV*, lors de la présentation de Mastatest ND par Vetoquinol, le 16 novembre, à Paris.

« Un délai de 24 heures pour le traitement des mammites non sévères est aujourd'hui considéré comme tout à fait acceptable, comme nous mettons en place dans notre clientèle, afin de pouvoir bénéficier des résultats d'une analyse bactériologique et de réduire la prescription d'antibiotiques à large spectre », a-t-il ajouté.

Essai comparatif en Nouvelle-Zélande

Les différentes études terrain publiées comparant la réussite lors de mammites non sévères d'une antibiothérapie systématique immédiate à celle d'un traitement sélectif différé n'ont pas montré de différences significatives sur le taux de guérison bactériologique ni sur celui des rechutes.

Un essai comparatif mené en Nouvelle-Zélande dans 7 exploitations laitières a montré sur plus de 500 quartiers atteints de mammite légère à modérée dans les 100 jours après vêlage, traités soit de manière sélective suivant les résultats du Mastatest ND, soit par antibiothérapie immédiate (procaïne pénicilline), une diminution de 24 % de l'usage des antibiotiques avec le traitement sélectif, sans conséquence sur le taux de guérison clinique ou bactériologique, ni sur le taux cellulaire du lait de tank (Bates 2020).

Bénéfices d'un usage raisonné des antibiotiques grâce à la bactériologie du lait

« Le taux de guérison bactériologique spontanée des mammites non sévères à E. coli atteint couramment 90 %. Lors de mammites modérées, les analyses bactériologiques réalisées dans notre clinique montrent dans 16 % des cultures stériles, dans 1 % la présence de levures ou de champignons et dans 12 % de colibacilles, soit environ un tiers des cas qui ne nécessitent pas de traitement antibiotique » , a déclaré Olivier Salat.

« La pénicilline est pour nous la molécule de premier choix lors d'infection streptococcique, avec une posologie à adapter aux variations de sensibilité des souches (CMI), de même pour les infections par Staphylococcus aureus (souches non productrices de bêta-lactamase), d'où l'intérêt d'un antibiogramme pour un traitement ciblé. Nous traitons dans notre clientèle 8 cas de mammite clinique sur 10 avec la pénicilline, lorsqu'une antibiothérapie est nécessaire, en adaptant le schéma thérapeutique. Depuis que nous avons mis en place le traitement ciblé, nous avons constaté une reprise très nette de la sensibilité à la pénicilline des souches de staphylocoque doré isolées lors de mammite dans notre clientèle (moins de 10 % de souches résistantes) », a témoigné notre confrère.

Intégration de Mastatest au service qualité du lait

« Nous avons installé un analyseur Mastatest ND dans différentes exploitations éloignées de la clinique, où nous réalisons 1 000 à 1 500 analyses bactériologiques par an, et avons développé un protocole spécifique avec une fiche de recueil des commémoratifs envoyée par l'éleveur sous forme de MMS sur une ligne téléphonique dédiée. Dans les 24 heures, nous pouvons ainsi prescrire un traitement adapté, sans que l'éleveur ait besoin de porter les prélèvements à la clinique » , a-t-il conclu.

* SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

Référence

Bates A. et al. Selective and deferred treatment of clinical mastitis in seven New Zealand dairy herds, Prev Vet Med , 2020, https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2020.104915

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1656

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