Auto-promo vacances ETE 2025 DV

Test de Coggins : envisager une réalisation plus systématique

Entre les épisodes fébriles, le cheval est cliniquement normal mais porteur du virus.

© JY Cessay - Adobe

Jean-Luc CADORÉ

Professeur émérite, Médecine interne (Animaux de Compagnie, Équidés), Agrégé des écoles vétérinaires, Dip. ECVIM(CA), membre de l'Académie vétérinaire de France

Christophe HUGNET

Expert près la Cour d'appel de Grenoble

Clinique vétérinaire des lavandes

(26160 La Bégude de Mazenc)

Stephan ZIENTARA

Anses*-Laboratoire de santé animale, Maisons-Alfort

Jean-Yves GAUCHOT

Directeur de recherches, membre de l'Académie vétérinaire de France, président d'honneur du Respe**

Clinique vétérinaire

(24260 Le Bugne)

Caroline LEROUX

Docteur d'université, directrice de recherches

IVPC UMR754, INRAE, Université Claude Bernard Lyon 1, EPHE, PSL Research University

(69007 Lyon)

Tribune libre

L'anémie infectieuse des équidés est une maladie virale problématique car elle entraîne un portage à vie, les chevaux infectés devenant des sources de contamination pour les autres équidés. Ce danger épidémiologique conditionne les mesures de police sanitaire et l'élimination obligatoire des chevaux infectés. Les auteurs de cette tribune appellent à une réalisation plus systématique du test de Coggins pour détecter cette maladie compte tenu des enjeux épidémiologiques et règlementaires majeurs qu'elle véhicule.

Tous les protagonistes d'une filière ont une part de responsabilité dans la surveillance épidémiologique et la prévention des maladies en général, infectieuses en particulier. Comme pour les autres infections par des virus de la famille des rétrovirus, un cheval infecté par le virus de l'anémie infectieuse l'est à vie, sans élimination par la réponse immunitaire. L'animal peut exprimer des signes cliniques et biologiques de façon variable lors de crises dues à un échappement du virus à la réponse immunitaire du cheval (crises typho-anémiques pouvant rappeler l'expression clinique de certaines maladies dues à des hémopathogènes comme les piroplasmes).

Entre ces épisodes fébriles, le cheval est cliniquement normal mais porteur du virus. De fait, il représente, selon les conditions étho-mésologiques, un danger épidémiologique à ne pas sous-estimer de transmission par des vecteurs, dont le principal documenté est le taon, ou par voie iatrogénique par l'utilisation de matériel médical invasif contaminé.

L'issue de cette infection chronique le plus souvent asymptomatique peut malheureusement être la mort de l'animal, après une forte dégradation de son état général, en l'absence d'autres maladies pouvant aussi être mortelles. Un cheval contaminé développe une réponse immunitaire notamment sérologique en moyenne 3 semaines post infection, avec la production d'anticorps détectables par le test de Coggins (immunoprécipitation en gélose) spécifique et sensible, pratiqué par différents laboratoires agréés.

En France, la législation actuellement en vigueur reste la même, malgré l'application de la nouvelle classification de la Loi de santé animale européenne : elle prévoit l'élimination des chevaux infectés, mis en évidence par la détection d'anticorps, qu'ils soient symptomatiques ou non, selon une procédure de police sanitaire précise qui, au regard des solutions variables proposées dans différents pays, demeure aujourd'hui la moins mauvaise mesure pour limiter le nombre de nouveaux cas d'infection, même s'il est difficile d'admettre l'euthanasie d'animaux en apparente bonne santé. Il n'existe aucune autre mesure garantissant les mêmes résultats qui ait été scientifiquement évaluée et qui soit pratique, le confinement complet ne pouvant être non plus considéré comme une solution animalitaire.

Il est utile de rappeler les situations psychologiques dramatiques ou douloureuses vécues dans les installations équestres dans lesquelles un cheval infecté par le virus de l'anémie infectieuse est identifié, entraînant une enquête séro-épidémiologique, menant souvent à la mise en évidence d'autres chevaux infectés devant être à leur tour éliminés.

Il se trouve que même si l'infection du cheval par le virus de l'anémie infectieuse n'est plus une maladie légalement réputée contagieuse, non plus qu'un danger sanitaire de première catégorie (mais relevant encore des textes régissant celles-ci), elle demeure un vice rédhibitoire.

Pour que chaque protagoniste contribue efficacement à l'identification et à la maîtrise épidémiologique de l'anémie infectieuse du cheval, il est impératif :

- que tout vétérinaire, en charge d'une visite de transaction qui relève de considérations médico-légales, recherche l'infection potentielle par le virus de l'anémie infectieuse du cheval faisant le sujet d'une transaction en réalisant un test de Coggins, tout comme il doit rechercher les éventuels signes d'autres vices rédhibitoires identifiés par le législateur ;

- que tout propriétaire (vendeur ou acheteur) accepte de faire réaliser un test de Coggins soit au titre de la condition suspensive d'une vente, soit quand la vente est parfaite ;

- que toute introduction d'équidé dans un effectif soit conditionnée à la réalisation d'un test de Coggins (résultat négatif) réalisé depuis moins de 1 an ;

- que tout équidé mis à la reproduction (mâle et femelle) soit soumis à un test de Coggins en début d'année civile.

Il serait également intéressant de mettre en place des sérothèques dans les effectifs équins et qu'un test de Coggins soit réalisé au moins tous les deux ans sur chaque cheval au sein des effectifs pérennes.

Compte tenu des enjeux épidémiologiques et règlementaires majeurs de détecter au mieux, on ne saurait considérer que 30 euros (prix de la réalisation du test de Coggins) est un prix trop élevé dans ce que représente le coût d'une visite de transaction, ni par rapport aux coûts engendrés lors de la découverte d'un foyer d'anémie infectieuse, non plus par rapport aux drames humains vécus dans ces foyers, sans oublier la responsabilité potentielle d'un propriétaire d'un cheval infecté non identifié dans la propagation de l'infection. L'obligation de la transmission du résultat négatif du test après la transaction pour obtenir la carte de propriétaire serait une mesure qui permettrait de parfaire le dispositif de surveillance de l'épidémiologie de cette infection.

Il est temps de prendre en compte ces éléments pour envisager plus sérieusement le maintien sanitaire de notre population de chevaux, en n'oubliant pas une règle générale en épidémiologie des maladies infectieuses de la mise en quarantaine de tout animal ayant un statut inconnu vis-à-vis de telle ou telle infection introduit dans un effectif dont le statut est connu pour cette infection.

Remerciements aux relecteurs attentifs : H. Virevialle, N. Sanerot, C. Marcillaud-Pitel, A. Couroucé, C.-F. Louf, J.-M. Betsch et J.-C. Valle-Casuso.

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

** Respe : Réseau d'épidémiosurveillance en pathologie équine.

Gros plan : Textes règlementaires en vigueur sur l'anémie infectieuse des équidés

- Arrêté du 23 septembre 1992 fixant les mesures de police sanitaire relatives à l'anémie infectieuse des équidés (https://urlr.me/nBcVFJ).

- Régulation (UE) 2016/429 : (https://urlr.me/HDS2Pb) : l'anémie infectieuse serait classée DE c'est à dire maladie soumise à des contrôles aux échanges et soumise à surveillance (déclaration, surveillance et certification obligatoires).

Par ailleurs, la Loi de santé animale (UE) prévoit l'euthanasie de tous les animaux détectés séropositifs à l'AIE : Régulation (UE) : https://urlr.me/GS4cjK : exigences applicables aux mouvements d'équidés vers d'autres Etats membres, notamment l'article 22, alinea 1.c :

Les opérateurs ne déplacent des équidés vers un autre État membre que si les exigences suivantes sont remplies :

c) les animaux proviennent d'un établissement dans lequel aucun cas d'anémie infectieuse des équidés n'a été signalé au cours des 90 derniers jours précédant le départ ou, s'ils proviennent d'un établissement dans lequel une telle maladie a été signalée au cours des 12 derniers mois précédant le départ, l'établissement touché est resté soumis, après la dernière apparition du foyer, à des restrictions de mouvement jusqu'à ce que :

i) les animaux infectés aient été mis à mort et détruits ou abattus et que l'établissement ait été nettoyé et désinfecté ;

et que

ii) les animaux restés dans l'établissement aient été soumis, avec des résultats négatifs, à un test de dépistage de l'anémie infectieuse des équidés effectué au moyen de la méthode de diagnostic prévue à l'annexe I, partie 9, sur des échantillons prélevés à deux reprises à un intervalle minimal de trois mois après que les mesures décrites au point i) ont été achevées.




Envoyer à un ami

Mot de passe oublié

Reçevoir ses identifiants