Influenza aviaire : le niveau de risque passe de « négligeable » à « modéré » suite à la confirmation d'un foyer

L'arrêté permet de prendre des mesures de prévention pour protéger les élevages de volailles français.

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Michel JEANNEY

Épidémiologie

Après confirmation d'un foyer d'influenza aviaire hautement pathogène chez un détenteur particulier dans les Ardennes et compte tenu du contexte épidémiologique général, le ministère de l'Agriculture a décidé de relever le niveau de risque du territoire métropolitain vis-à-vis de la maladie à partir du 10 septembre. La France ne perd pas son nouveau statut de pays indemne, recouvré le 2 septembre.

Le niveau de risque en matière d'influenza aviaire hautement pathogène est élevé de « négligeable » à « modéré » sur l'ensemble du territoire métropolitain, stipule un arrêté d'application immédiate publié le 10 septembre.

Ce changement fait suite à « l'infection d'un élevage particulier dans le département des Ardennes par le virus de l'influenza aviaire et la confirmation de plusieurs cas et foyers dans le compartiment sauvage et domestique d'un couloir migratoire traversant le territoire métropolitain, dont un foyer en Belgique et au Luxembourg, non loin de la frontière française ».

« L'emballement de la dynamique d'infection dans le couloir de migration « Nord-Ouest Europe » justifie l'élévation du niveau de risque et les mesures de prévention prévues par l'arrêté ministériel du 16 mars 2016 dans tout le territoire métropolitain », poursuit la notice de l'arrêté.

Suspicion dès le 6 septembre

Celui-ci permet de prendre des mesures de prévention « urgentes et immédiates » pour protéger les élevages de volailles français d'une potentielle contamination par le virus influenza aviaire par les oiseaux sauvages, notamment dans les zones à risque particulier ou les départements traversés par des couloirs de migration.

Concernant l'élevage contaminé dans le département des Ardennes, après une suspicion le 6 septembre, le laboratoire national de référence a confirmé la maladie le 9 septembre. Elle est due à un influenza de type H5N8 chez un particulier détenteur de volailles (canards, poules, dindes, pigeons).

« Tous les animaux ont été euthanasiés le 8 septembre, de manière anticipée, pour éviter la diffusion du virus, et les zones de protection et de surveillance ont été immédiatement mises en place autour du foyer », informe le ministère de l'Agriculture dans un communiqué du 10 septembre.

Cette évolution intervient alors que, depuis le 2 septembre, conformément aux normes internationales de l'Organisation mondiale de la santé animale, la France est de nouveau indemne d'influenza aviaire hautement pathogène (lire DV n° 1584).

Ce foyer dans les Ardennes ne remet cependant pas en cause ce nouveau statut, affirment les autorités.

Mesures rendues obligatoires

La décision d'élever le niveau de risque a été prise « après information des professionnels des filières avicoles et de la Fédération nationale des chasseurs », souligne le ministère qui « appelle au strict respect des mesures de biosécurité et à la surveillance accrue de la part des acteurs professionnels, des particuliers détenteurs d'oiseaux et des chasseurs ».

Des mesures de prévention sont ainsi rendues obligatoires, à compter du 10 septembre, dans les communes situées dans des zones dites à risque particulier (ZRP), c'est-à-dire abritant des zones humides fréquentées par les oiseaux migrateurs.

La liste des communes concernées est définie par l'arrêté ministériel du 16 mars 2016 (https://bit.ly/3hmJWXD).

Les mesures qui s'y appliquent sont : mise à l'abri des volailles ; interdiction de rassemblement d'oiseaux (pour des concours par exemple) ; interdiction de faire participer des oiseaux originaires de ZRP à des rassemblements organisés dans le reste du territoire ; autorisations limitées des transports et d'introduction dans le milieu naturel de gibiers à plumes et de l'utilisation d'appelants ; interdiction des compétitions de pigeons voyageurs ; vaccination obligatoire dans les parcs zoologiques pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet.

Mettre en oeuvre la feuille de route

« Ces mesures sont accompagnées d'une surveillance clinique quotidienne dans tous les élevages (commerciaux et non commerciaux) », précisent les autorités.

« Dans ce contexte, la mise en oeuvre rapide et complète de la feuille de route signée le 8 juillet dernier entre l'État et les professionnels* pour éviter une nouvelle épizootie est essentielle. Elle permettra de mieux protéger les élevages face au risque « influenza » via les différentes mesures qu'elle porte : obligation renforcée de mise à l'abri des volailles en cas de risque croissant ; mise en place de règles de prévention (biosécurité) plus strictes ; réduction des densités de palmipèdes dans le Sud-Ouest, gestion des mouvements de gibiers et d'appelants permettant de limiter les contacts avec la faune sauvage, etc. », conclut le ministère.

* La feuille de route est consultable à l'adresse https://bit.ly/3leILdU.


Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1585

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