Création d'un comité d'experts pour renforcer la lutte contre la fièvre Q

Santé publique

En vue de réactiver collectivement la lutte contre la maladie, plusieurs experts se réunissent au sein du Comité Fièvre Q. La fièvre Q est une zoonose très répandue dans les élevages de ruminants. En France, plus de la moitié des troupeaux caprins et ovins et près de 30 % des troupeaux bovins y seraient exposés.

Présidé par Raphael Guatteo (professeur en médecine bovine à Oniris, enseignant chercheur en épidémiologie) et notre confrère Christophe Brard (président de la SNGTV*), un comité multidisciplinaire dédié à la fièvre Q a été créé. Ses membres en ont fait l'annonce dans un communiqué le 28 octobre.

Cette création vise à « mettre en commun les compétences et expertises des différentes parties prenantes, tout en recherchant la concertation avec l'ensemble des acteurs : vétérinaires, éleveurs, professionnels de santé et organisations concernées ».

Elle a pour but de « réactiver collectivement la lutte contre la maladie » .

Contribuer à enrichir les connaissances

Mobilisés depuis plusieurs années dans la recherche et dans la lutte contre la fièvre Q, les experts qui composent le comité déclarent partager les mêmes constats : sur le terrain, un déficit de connaissances sur la maladie et ses conséquences ; une probable sous-estimation de la prévalence en relation avec des défauts de diagnostic, aussi bien chez l'animal que chez l'Homme, des mesures de maîtrise hétérogènes et d'appli­cation variable.

Le nouveau comité a pour objectif « de contribuer à enrichir l'état des connaissances sur la fièvre Q, de sensibiliser les publics professionnels et de favoriser leur accès à des recommandations concertées en matière de diagnostic et de maîtrise de cette maladie complexe ».

Il est soutenu dans son fonctionnement par le laboratoire Ceva Santé animale.

La fièvre Q est une zoonose très répandue dans les élevages de ruminants, expliquent les membres du comité. En France, plus de la moitié des troupeaux caprins et ovins et près de 30 % des troupeaux bovins y seraient exposés*.

Les animaux et l'Homme s'infectent majoritairement par l'inhalation de minuscules pseudospores de Coxiella burnetii, qui sont extrêmement volatiles et peuvent être transportées sur plusieurs kilomètres.

3 000 hospitalisations aux Pays-Bas en 2009

« La circulation de cette infection constitue une menace pour la santé animale, les performances des troupeaux et la santé humaine** », soulignent les experts. « En élevage, la maladie est en effet régulièrement associée à des vagues d'avortements, des problèmes de reproduction, voire de la mortalité néo-natale. Chez l'Homme, de nombreux cas groupés ont été rapportés en Europe et en France et quelque 200 hospitalisations seraient en lien avec la fièvre Q chaque année en France. L'épidémie ayant sévi aux Pays-Bas en 2009 a été à l'origine de plus de 3 000 hospitalisations », précisent-ils.

Outre nos confrères Christophe Brard et Raphaël Guatteo, le nouveau comité est composé de notre consoeur Kristel Gache (épidémiologiste à GDS France), de Renée de Crémoux (chef de projet Recherche et développement au département Qualité des produits, bien-être et santé à l'Institut de l'élevage) et de notre confrère Eric Collin (président de la commission Epidémiologie de la SNGTV). M.J.

* SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

** Gache K., Rousset E. Perrin J.B., De Cremoux R., Hosteing S., Joudain E. Guatteo R. Nicollet P., Touratier A., Calavas D., Sala C., 2017. Estimation of the frequency of Q fever in sheep, goat, and cattle herds in France: results of a 3-year study of seroprevalence of Q fever and excretion level of Coxiella Burnetii in abortive episodes. Epidemiol. Infect. 145, 3131-3142.

*** Barberio A et al, 2017. Epidemiology of Q fever in cattle, in: The principles and practice of Q fever : The One Health paradigm. Nova Science Publishers, New-York pp. 189-212.