La consultation de la poule de compagnie

© Sylvain Larrat

Ophélie COJEAN - Praticienne, activité référée exclusive de la médecine et la chirurgie des NAC et faune sauvage, à la clinique vétérinaire Benjamin Franklin, à Auray.
Sylvain LARRAT - Praticien spécialiste en médecine zoologique, activité référéeexclusive de la médecine et la chirurgie des NAC et faune sauvage, à la clinique vétérinaire Benjamin Franklin, à Auray. 

L'espérance de vie d'une poule est de 12 ans.
Les commémoratifs et l'anamnèse constituent la première étape de la consultation, qu'il ne faut pas négliger. 

RECUEIL DES COMMÉMORATIFS ET ANAMNÈSE

Les informations obtenues sur l'environnement de vie de la poule (surface, type d'abri, sol, congénères, litière, nettoyages) peuvent renseigner sur l'hygiène, la pression d'infection, le taux d'humidité, ou encore les potentiels traumatismes subis par la poule.

Le questionnement précis sur le régime alimentaire donne des informations sur la santé hépatique, immunitaire et reproductrice.

Comme pour les autres espèces, l'anamnèse détaillée permet de comprendre l'évolution du problème, en interrogeant sur l'ordre d'apparition des signes cliniques, leur durée, leur évolution et le nombre d'individus affectés. Les traitements précédents ou en cours (incluant les traitements antiparasitaires) ainsi que les antécédents médicaux doivent être renseignés.

EXAMEN À DISTANCE

Observer à distance le comportement de la poule en consultation est riche en informations : une poule en bonne santé sera vive et curieuse, les yeux ouverts, réagissant aux stimuli extérieurs, et pourra émettre des vocalises. Un oiseau calme ou peu réactif, qui tremble ou a les yeux mi-clos est anormal. Une poule qui dort dans ses plumes pendant la consultation est abattue.

L'examen à distance permet également d'évaluer l'amplitude et la fréquence respiratoires.

L'amplitude respiratoire d'une poule en bonne santé est peu perceptible. Le corps de l'oiseau bouge très peu. Dès lors que les mouvements respiratoires sont nettement visibles, il s'agit d'une augmentation anormale de l'amplitude respiratoire.

Des mouvements de la queue de haut en bas, coordonnés avec la respiration, sont également anormaux et sont des signes de dyspnée. Enfin, notez la présence de bruits respiratoires (sifflement, râles).

En cas de détresse respiratoire, il est recommandé de ne pas effectuer de contention sur la poule et de la placer sous oxygène rapidement.

L'état général du plumage sera évalué à distance également. Un plumage normal doit être lissé, toiletté et propre. Des plumes désordonnées ou sales peuvent indiquer que l'oiseau ne se toilette pas correctement ou qu'il y a une pathologie du plumage.

Observer également la posture de la poule et la position de ses ailes permet de vérifier que les ailes sont bien symétriques et portées légèrement dorsalement au repos. Une aile portée plus basse peut être le signe d'un problème musculo-squelettique ou neurologique. Une anomalie au niveau d'une patte peut se manifester par le poids du corps porté sur un seul des deux membres postérieurs.

Enfin, l'évaluation des fientes donne des indices importants sur la santé d'une poule : la couleur, l'odeur, la consistance, ainsi que la proportion de chaque élément de la fiente (selle, urine et urates). Une analyse de fientes (examen direct pour la recherche de parasite et cytologie avec coloration de gram) peut être considérée comme faisant partie de l'examen clinique d'un oiseau.

Il est également utile d'observer le comportement de défécation pour déceler ténesme, inconfort, ou vocalises. En absence d'anomalie, un oiseau doit déféquer sans effort ni inconfort.

EXAMEN RAPPROCHÉ

La contention d'une poule est simple mais doit être minimale pour limiter le stress de l'animal. Une serviette peut aider à rabattre les ailes contre le corps.

L'oiseau est pesé et sa condition corporelle est évaluée en palpant la masse musculaire au niveau du bréchet (muscles pectoraux). Un bréchet saillant correspond à un score corporel trop faible, tandis qu'un bréchet bombé peut correspondre à de l'obésité (cf. fig. 1). Toutefois, le bréchet des poules (notamment les races pondeuses) est généralement assez saillant, sans que la poule manque de réserves graisseuses. La masse musculaire doit par ailleurs être symétrique à droite et à gauche.

L'auscultation du coeur et des sacs aériens se fait ventralement. L'auscultation pulmonaire est dorsale. La fréquence respiratoire d'une poule est de 15 à 30 mouvements par minute. La fréquence cardiaque d'une poule est de 180 à 340 bpm.

Le jabot est présent et bien développé chez les galliformes. Il est localisé à la base du cou, avant l'entrée thoracique. Sa palpation permet de noter la consistance, la taille et le contenu du jabot. La présence de nourriture dans le jabot est normale. La présence de gaz ou de liquide peut être anormale et indiquer une stase du jabot. Il est également possible de palper des corps étrangers, des masses ou un épaississement de la paroi.

La fenêtre de palpation de la cavité coelomique est caudalement au sternum et crânialement aux os du pubis. Le coelome doit apparaître concave et souple. Lorsque la paroi est plutôt droite voire convexe, il y a une distension coelomique. Évaluer alors la consistance de la distension : liquidienne (ex. ascite), indurée (ex. oeuf), tissulaire (ex. organomégalie, hernie). Noter également si la palpation est douloureuse.

Noter que le ventricule (gésier) est normalement palpable chez un oiseau, et peut apparaître comme une masse indurée en région coelomique gauche.

La température normale moyenne d'une poule est de 39,6-43,6°C (Guérin et al 2016). Examiner le cloaque lors de la prise de température et noter notamment s'il est dilaté, prolabé, ulcéré ou inflammé. (cf. photo 1) La présence de plumes souillées autour du cloaque peut être un signe de diarrhée.

- L'examen s'intéresse ensuite à évaluer la tête et sa symétrie. Les différentes structures de la tête doivent être examinées :
- la forme et la position du bec (déviations, surcroissance) ;
- des plumes collées et/ou souillées autour du bec peuvent indiquer des régurgitations ou vomissements ;
- la couleur de la crête indique la présence d'anémie ou de cyanose (cf. photo 2) ;
- la symétrie et la taille des narines, la présence d'écoulement nasal et d'éternuements ;
- la symétrie des sinus (présence ou non d'un gonflement) ;
- la position et la symétrie des yeux, l'aspect des conjonctives, la taille des pupilles, la présence d'écoulement oculaire ;
- les oreilles (pour examiner, soulever délicatement les plumes qui les recouvrent) : observer leur symétrie et la présence de sécrétions.

- L'examen de la cavité orale permet d'observer l'intégrité des muqueuses et leur couleur. Les choanes sont des orifices en forme de fente localisés au niveau du palais et protégés par des papilles choanales. Ces papilles doivent être bien développées. Une atrophie de ces papilles peut indiquer une carence en vitamine A. Il ne doit pas y avoir non plus de sécrétions ou de matériel obstruant les choanes. Il convient aussi d'observer l'entrée de la trachée.

- L'état d'hydratation peut être évalué lors de l'examen de la cavité orale : l'observation de filaments ou d'une membrane de salive à l'ouverture de la bouche indique un état de déshydratation modéré à sévère. Ce paramètre peut également être évalué au niveau de la veine ulnaire (ou alaire), localisée en face ventrale du coude. Cette veine doit être légèrement bombée lorsque l'hydratation est normale, et le remplissage de la veine est instantané (moins d'une seconde).

- Un examen orthopédique des ailes et des membres postérieurs s'effectue de la même manière que chez les mammifères. Au niveau de la ceinture pectorale, les oiseaux possèdent des os, les coracoïdes ainsi que les clavicules, articulés avec les humérus, les scapulas et le sternum (bréchet).

Évaluer la face plantaire des doigts : l'intégrité des écailles et la présence de lésions de pododermatite (perte d'écailles, rougeur, gonflement, plaie, infection), ainsi que la symétrie de ces lésions.

- Examiner le plumage, notamment : 
- la couleur des plumes : la coloration peut être modifiée dans le cas de maladie hépatique chronique - les plumes peuvent être plus sombres lors de malnutrition ;
- la présence de plumes cassées ou manquantes peut avoir lieu lors de traumatisme, de mutilation par les congénères ou de malnutrition (fragilité des plumes) ;
- la présence de plumes dystrophiques ;
- la présence d'ectoparasites ;

La glande uropygienne est localisée dorsalement, à la base de la queue. Une impaction ou une douleur sont des anomalies de cette glande.

Enfin, il n'y a pas de noeuds lymphatiques palpables chez les oiseaux.

CONCLUSION

La consultation de la poule de compagnie nécessite de la rigueur et une connaissance de l'anatomie des galliformes et d'un certain nombre de caractéristiques (cf. tableau 1).

Comme pour les autres espèces, une fois la liste des problèmes (environnementaux, alimentaires, et cliniques) établie, il convient de lister les hypothèses diagnostiques afin de choisir les examens complémentaires les plus adaptés.

Ensuite, il est primordial de prendre en compte les autorisations de mise sur le marché (AMM) et les temps d'attente (oeuf et viande) (LMR) et de les indiquer sur l'ordonnance lors du choix de traitements (cf. tableau 2).

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