Cécité subite chez un golden retriever : quel est votre diagnostic ?

Photo n° 1A : OEil droit : aspect mamelonné et reflet de la zone sans tapis bien visibles.
© D.R.
Gilles CHAUDIEU
Dip. ECVO, DESV ophtalmologie
(63122 Ceyrat)
Exposé
Un golden retriever mâle âgé de 5,5 ans, en bon état général, est présenté pour une cécité d'apparition subite 5 jours avant la consultation.
Aucun signe fonctionnel d'inflammation ou de douleur oculaire n'est présent.
Une mydriase bilatérale complète, quasiment aréflexique (réflexes photomoteurs directs résiduels et réflexes indirects abolis), et une absence bilatérale de clignement à la menace sont observées.
Les aires pupillaires apparaissent totalement occupées par un voile grisâtre translucide, d'aspect mamelonné, au sein duquel des vaisseaux sanguins aux contours nets sont remarqués. Les cristallins sont en place et transparents. Les zones du tapis (jaune orangé) et sans tapis (sombre) du fond d'oeil sont identifiables mais floues à droite et à gauche (photos n° 1A et 1B).
La pression intra-oculaire est mesurée au TonoVet ND à 16 mmHg à droite et à gauche, dans l'intervalle de référence. Les ligaments pectinés ne présentent pas d'anomalie morphologique.
1/ Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?
2/ Quel traitement proposez-vous ? ■
Réponses
1/ Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?
La neurorétine, translucide, est totalement décollée à droite et à gauche, sans qu'aucune partie de tapis choroïdien ou de zone sans tapis ne soit directement visible, ce qui est en faveur d'une absence de déchirure (trou rétinien).
L'absence de modifications vasculaires (tortuosité, calibre augmenté, extravasation plasmatique, hémorragies périvasculaires) écarte l'hypothèse d'uvéite postérieure bilatérale aiguë, en particulier secondaire à une maladie générale (bon état général du chien).
Les possibilités de cataracte diabétique (cristallins non opacifiés) et de syndrome de la rétine silencieuse (fond d'oeil non observable) sont également écartées. Celle d'un déplacement crânial par décollement exsudatif de toute la rétine, restée attachée à l'oraciliaris retinae et au pourtour papillaire, décrit comme idiopathique cortico-sensible dans certaines races (bergers allemand et australien, retriever du Labrador), évoquées comme prédisposées, est à retenir.
2/ Quel traitement proposez-vous ?
Sans information supplémentaire (examens échographique et électrorétinographique refusés par le propriétaire), la présomption d'absence de trou rétinien et le caractère récent du décollement incitent à mettre en place sans délai un traitement corticostéroïde par voie générale : prednisolone per os, 2 mg/kg/jour pendant une semaine puis 1 mg/kg/jour pendant 10 jours puis 0,5 mg/kg/jour au moins jusqu'au contrôle à 1 mois.
Selon les propriétaires, le chien évolue normalement dans son milieu habituel au bout de 5 jours de traitement et les consultations de contrôle à 2 semaines, 1 mois et 6 mois témoignent d'une réapplication rétinienne et d'une vision restaurée avec un fond d'oeil normal à droite et à gauche (photos n° A à F). G.C.