Antiparasitaires : du dogme à la prescription raisonnée

La table ronde s'est déroulée dans les locaux de Zoetis. De gauche à droite, nos confrères Elise Morin (Zoetis), Jacques Guillot (Oniris), Floriane Lanord et Gaëlle Hue (Ecovéto) et Julie Antonia (ASV à la Clinique Bleue et Verte).

© Zoetis

Maud LAFON

Exercice

Accompagner les vétérinaires dans une démarche de prescription raisonnée des antiparasitaires externes et internes pour animaux de compagnie a motivé une table ronde, organisée par Zoetis, le 23 septembre. La prévention inclut plusieurs valences, dont celle environnementale, qui impliquent d'analyser chaque situation au niveau individuel.

A l'initiative de Zoetis, une table ronde, animée par notre consoeur Elise Morin, responsable vétérinaire nationale spécialisée antiparasitaires et diagnostic chez Zoetis, a réuni trois vétérinaires - nos confrères Jacques Guillot, professeur de parasitologie à Oniris, Floriane Lanord et Gaëlle Hue de l'association Ecovéto - et une ASV - Julie Antonia (clinique Bleue et Verte) - pour débattre de l'usage raisonné des antiparasitaires chez les animaux de compagnie. Elle s'est déroulée le 23 septembre, en présentiel dans les nouveaux locaux de Zoetis, à Chatillon (92), et en distanciel.

Raisonner la prescription des antiparasitaires internes passe notamment par le recours plus systématique aux coproscopies.

En préambule, Zoetis a présenté le panel de solutions qu'il propose pour gérer le parasitisme, dont la troisième version de l'application Coproscopie par IA, disponible sur l'analyseur Vetscan Imagyst ND (lire DV n° 1762) qui permet la réalisation de coproscopies avec lecture par l'intelligence artificielle à la clinique depuis 2021.

Le laboratoire a mis l'accent sur sa gamme d'antiparasitaires dont ses antiparasitaires externes à base de sarolaner, « première isoxazoline issue d'un pôle de R & D vétérinaire » qui cumule plusieurs caractéristiques intéressantes pour l'environnement (excrétion par voie biliaire, faible dosage). Le sarolaner est présent dans Simparica ND, Simparica Trio ND et, pour le chat, Stronghold Plus ND.

Les intervenants ont ensuite débattu de l'analyse de risque des patients, de l'impact environnemental des traitements externes, des alternatives naturelles.

Facturer la coproscopie en consultation

L'analyse de risque est réalisable au cours d'une consultation et intègre également la probabilité de transmission des parasites au propriétaire et le risque pour l'environnement. Cette démarche se prépare avec l'aide des ASV qui peuvent inciter les propriétaires à ramener des selles de leur animal à la clinique en vue d'un examen coproscopique, a expliqué Julie Antonia.

Pour valider leur retour à la clinique, elle conseille de facturer la coproscopie, dont le coût est d'environ trois fois celui d'un vermifuge, au moment de la consultation.

Idéalement, la fréquence à respecter serait de quatre coproscopies par an, la même que celle recommandée pour les vermifuges dans un cas général, sur des fèces recueillies trois jours de suite. « Si on ne peut en réaliser qu'une par an, mieux vaut la faire en automne ou en hiver », a conseillé le Pr Guillot.

« La communication au sein de la clinique et avec les propriétaires est essentielle sans pour autant leur forcer la main », a insisté notre confrère. Il a rappelé la multitude de sources d'informations sur le sujet parasitaire, à commencer par les recommandations de l'Esccap* dont la dernière actualisation date de 2024.

La lutte antiparasitaire doit cependant être adaptée localement, en fonction des risques parasitaires documentés dans chaque région, et individuellement.

Peu d'études de prévalence

Notre confrère a souligné le peu d'études sur la prévalence des parasites internes qui avoisine 20 % chez les chiots et chatons (avec Toxocara principalement) et 5 % chez les adultes (nématodes essentiellement et une plus faible proportion de cestodes).

Une question a porté sur les seuils parasitaires, qui déclenchent les traitements chez les herbivores, et leur éventuelle adaptation aux carnivores domestiques dans une logique de vermifugation sélective.

« Identifier et traiter les individus forts excréteurs se justifie chez les équidés mais, chez les carnivores, la situation est différente car soit les individus sont effectivement parasités, et doivent alors être traités, soit ils ne le sont pas et ne nécessitent pas de traitement », a précisé Jacques Guillot.

La prescription d'antiparasitaire externe (APE) dans une logique One health a été abordée lors de la table ronde.

« Il y a une persistance, si ce n'est une recrudescence, des ectoparasites chez les carnivores domestiques », a remarqué notre confrère. Pour autant, la diversité des situations est importante. Il convient selon lui d'être particulièrement vigilant chez les chiens et les chats allergiques aux piqûres de puces et en cas de présence de maladies vectorielles telles que la leishmaniose ou la piroplasmose.

Pour des animaux qui ne vivent pas dans des régions à risque ou ne sortent pas (chats d'appartement par exemple), « la démarche peut être beaucoup plus allégée en termes de prévention vis-à-vis des ectoparasites », a-t-il indiqué.

Prendre en compte le risque environnemental

« Je ne pousse pas les propriétaires à traiter toute l'année contre les puces et les tiques pour des raisons environnementales », a ajouté Gaelle Hue, en précisant qu'elle vivait dans une région non touchée par ces maladies vectorielles. Le passage systématique du peigne à puces sur les animaux qu'elle reçoit en consultation lui permet de dépister une éventuelle présence parasitaire.

Elle a insisté également sur les précautions d'utilisation à rappeler aux propriétaires, indiquant préférer la prescription de comprimés tout en enjoignant alors les propriétaires à ramasser les selles de leurs animaux.

« Moins je prescris d'APE et mieux je me porte », a confirmé Floriane Lanord, très concernée par cette problématique environnementale.

Elle a déploré le manque de données dans ce domaine sur la famille des laner dont fait partie le sarolaner développé par Zoetis et présent dans ses antiparasitaires Simparica ND, Simparica Trio ND et Stronghold Plus ND pour chats.

« Avec les antiparasitaires, le vétérinaire doit résoudre une équation à plusieurs entrées : santé animale, santé humaine, environnement, budget du propriétaire... », a poursuivi Floriane Lanord.

En ce qui concerne l'écotoxicologie liée à ces molécules, le Pr Guillot a indiqué qu'un cycle de formation continue, financé par le plan EcoAntibio 3, serait proposé en 2026 aux vétérinaires sur la résistance aux antiparasitaires toutes espèces confondues et l'écotoxicité, répondant ainsi à une forte demande des confrères sur ces aspects.

Alternatives naturelles à raisonner également

Les alternatives naturelles aux APE sont souvent évoquées par les propriétaires mais sont également à raisonner, notamment au vu de la toxicité de certaines d'entre elles, et notamment les huiles essentielles chez le chat. Par ailleurs, le manque d'informations dans la littérature concernant leur efficacité et l'absence de standardisation de ces produits ne permet pas de les substituer aux APE chimiques.

« Même s'il faut raisonner et réduire l'usage des APE, il faut veiller à ne pas passer du tout à rien », a insisté Jacques Guillot. Il est moins catégorique sur les antiparasitaires internes, indiquant par exemple qu'il ne serait pas choqué qu'un chien ou un chat ayant fait l'objet de plusieurs coproscopies négatives et dont le mode de vie est compatible avec un risque minimal d'infestation parasitaire ne soit jamais vermifugé.

* Esccap : European Scientific Counsel Companion Animal Parasites (www.esccap.fr).



Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1770

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