Zoophilie : un texte discuté au Sénat
Mercredi 22 Septembre 2021 Vie de la profession 41670Les enfants et les animaux victimes sexuelles ont en commun d'être vulnérables.
© Mat Hayward-AdobeStock
Société
Dans le cadre de la proposition de loi sur la maltraitance animale, notre confrère sénateur du Val d'Oise Arnaud Bazin (Les Républicains) doit déposer des amendements pour renforcer la protection de l'animal en cas d'actes zoophiles. Le texte devait être en discussion au Sénat le 22 septembre en commission des Affaires économiques et le 30 septembre, lors d'une séance consacrée à son article 11 sur la zoophilie.
Une équipe pluridisciplinaire sur le thème « Une seule violence » s'est mise en place sous le parrainage de notre confrère à l'automne 2020 (lire DV n° 1559). Partie prenante de cette équipe, l'association de défense animale Animal Cross explique qu'à la suite du concept Une seule santé, qui se développe, il convient de reconnaître la possibilité d'Une seule violence, violence qui est aussi sexuelle.
« Cette équipe a demandé au garde des Sceaux un traitement global et non différencié des faits de violence en France qui permettrait de faire juger les faits violents sur les animaux par le même magistrat en charge des violences aux personnes », précise Animal Cross. « De même, le secrétaire d'Etat à l'enfance a été contacté pour comprendre comment les violences sur les animaux constatées en médecine vétérinaire peuvent informer sur les violences sur les enfants dans les familles ».
Les enfants et les animaux victimes sexuelles ont en commun d'être vulnérables.
Renforcer la protection de l'animal
En amont des discussions au Sénat, les associations Animal Cross, La voix de l'enfant et l'Association contre la maltraitance animale et humaine ont organisé une visioconférence, le 9 septembre, sur le thème « Animaux et enfants, victimes des zoophiles ». « Dans les cas de zoophilie, le risque associé de pédophilie ne peut pas être écarté » , a indiqué, à cette occasion, notre consoeur Dominique Autier-Dérian.
Toutes les interactions d'ordre sexuel avec des animaux doivent être considérées comme des maltraitances même lorsqu'elles n'impliquent pas de violence apparente, estiment les participants.
« En médecine vétérinaire, la détection de ces situations est extrêmement difficile car les signes physiques et surtout comportementaux ne sont pas forcément explicites », ajoute notre consoeur comportementaliste. V.D.
Gros Plan : Une réalité largement sous estimée
« Les rares études existantes sur la zoophilie indiquent une prévalence de zoophiles de 4,9 % des hommes aux États-Unis dans les années 1970, 3,2 % de la population urbaine brésilienne en 2003, 1,9 % des hommes en République tchèque en 2020 », a expliqué Benoît Thomé, président d'Animal Cross, lors de la visioconférence du 9 septembre sur le thème « Animaux et enfants, victimes des zoophiles ».
Cette pratique est rare mais existe dans une proportion largement supérieure à ce qui est imaginé. Les zoophiles réguliers sont principalement des hommes (86 % au Canada, 85 % en Autriche), relativement jeunes (moins de quarante ans d'âge moyen) et leur niveau d'étude est comparable à celui de la population générale.
Lien avec la pédophilie
Ces chiffres rejoignent les résultats de l'étude d'Animal Cross sur la zoophilie. « Le visionnage de films zoopornographiques est intense, de l'ordre de 11,5 % de la population masculine américaine (au moins une fois dans leur vie). 15 % des hommes condamnés pour avoir visionné des images pédophiles aux Etats-Unis regardent aussi des images zoopornographiques », précise Benoît Thomé.
Animal Cross estime qu'en France, « 5 % des hommes ont regardé des films zoopor nographiques dans les six derniers mois, 1 % des hommes ont eu un rapport sexuel au moins une fois dans leur vie avec des animaux, plus de 10 000 personnes ont des rapports sexuels réguliers avec des animaux et seulement une dizaine de cas se retrouve devant les tribunaux chaque année ».
Dans 999 cas sur 1 000, les viols et agressions sexuelles sur les animaux ne sont jamais sanctionnés. V.D.
>> RELIRE : Zoophilie : les vétérinaires ont un rôle à jouer dans la répression (DV n°1405 du 11 septembre 2017)