Tendinites : une nouvelle approche permise par les cellules souches prêtes à l'emploi

RenuTend ND s'injecte en intralésionnel, quelle que soit la taille de la lésion.

© D.R.

Maud LAFON

Locomotion

Dans le cadre des Journées annuelles de l'Avef*, le 10 novembre, à Reims, Boehringer Ingelheim a organisé un symposium sur les tendinites. La mise sur le marché, en septembre, de son produit RenuTend ND, à base de cellules souches prédifférenciées, permet une nouvelle approche de cette dominante pathologique du cheval de sport.

Dans un format original de lunch symposium, Boehringer Ingelheim a présenté, lors du congrès Avef* de Reims, à une quarantaine de confrères inscrits, une nouvelle modalité de gestion des tendinites permise par la mise sur le marché de son produit RenuTend ND ( DV n° 1633).

Ce symposium a été co-animé par un cavalier professionnel médaillé olympique, Nicolas Touzaint, un vétérinaire ayant participé aux études cliniques préalables à la mise sur le marché du produit, Cédric Bocqué (Via Nova Clinic, en Belgique) et le responsable technique de la gamme cellules souches chez Boehringer Ingelheim, notre confrère Simon Lang.

« La gestion des tendinites chez nos chevaux a beaucoup évolué, en lien avec l'arrivée sur le marché de thérapeutiques de plus en plus performantes. L'objectif désormais est d'anticiper et de les détecter le plus tôt possible pour mettre en place un traitement puis un protocole de travail adapté » , a expliqué le cavalier.

Si le principal problème reste la durée d'arrêt du travail, les chances de récupération sont aujourd'hui optimisées.

Deux phases d'évolution

Cédric Bocqué a rappelé la complexité de la structure des tendons et les deux phases de la tendinite : phase aiguë, pendant une à deux semaines après la lésion, au cours de laquelle l'objectif est de réduire l'inflammation, puis phase subaiguë, « le meilleur moment pour agir avec une thérapie cellulaire ».

Si les cellules souches sont utilisées depuis des années, en provenance de moelle osseuse, de cordon ombilical, de graisse ou de muscle, elles faisaient l'objet jusqu'à présent d'une procédure compliquée à mettre en oeuvre en lien avec le manque de disponibilité, le caractère invasif du procédé, la stérilité difficile à garantir.

Une autre option consiste à les prélever dans le sang circulant car, même si elles sont alors présentes en moins grande quantité, elles sont plus faciles à collecter et peuvent être concentrées. C'est celle qui a été choisie pour RenuTend ND et elle offre de nombreux avantages : utilisation plus facile, possibilité de stockage, de sélectionner l'absence d'enzyme responsable de rejet, etc.

Le produit ainsi constitué doit être utilisé directement après décongélation car les cellules souches meurent rapidement.

Premier médicament enregistré

RenuTend ND est ainsi le premier médicament vétérinaire enregistré à base de cellules souches prédifférenciées indiqué pour améliorer la cicatrisation des lésions tendineuses chez le cheval. Il est proposé en France depuis septembre et avait été mis sur le marché quelques mois auparavant en Belgique.

Une autre caractéristique de cette nouveauté est la prédifférenciation des cellules souches. « Les cellules souches savent déjà ce qu'elles doivent faire et sont donc plus efficaces. Cela permet aussi d'éviter un certain nombre de complications comme l'ossification intratendineuse » , a précisé Cédric Bocqué. Cette prédifférenciation est responsable d'une meilleure adhérence et d'une différenciation préférentielle en collagène de type 1, aux propriétés fonctionnelles supérieures.

RenuTend ND est proposé en suspension de 1 ml de cellules souches provenant de sang périphérique et prédifférenciées, présentes à raison de 2 à 3,5 millions de cellules dans 1 ml. Cette quantité s'injecte en intralésionnel, quelle que soit la taille de la lésion. Le médicament est envoyé en boîte, sous carboglace et peut être soit utilisé dans les 24-48 heures, soit stocké dans l'azote liquide ou en congélateur à - 80° C. La péremption est alors longue (12-18 mois).

Innocuité et efficacité

L'étude d'innocuité et d'efficacité conduite expérimentalement a montré, 112 jours après l'infiltration, une amélioration significative de l'alignement des fibres tendineuses (score UTC), de leur intégrité et des propriétés biomécaniques comparables à celles d'un tendon sain. En ce qui concerne la composition des fibres, le collagène de type 1 était majoritaire tandis que celui de type 3, marqueur d'une cicatrisation fibrotique, était réduit.

L'étude terrain menée en double aveugle sur 100 chevaux, de sport majoritairement, atteints de lésions du tendon fléchisseur superficiel ou de desmopathies du ligament suspenseur du boulet, à laquelle a participé Cédric Bocqué, a confirmé ces observations avec une amélioration significative des scores de boiterie, de l'aspect du tendon et de sa circonférence.

« Les résultats obtenus avec RenuTend ND ont été plus probants qu'avec les autres traitements. Ce n'est pas un produit miracle mais il marque une nette avancée scientifique avec souvent une guérison plus rapide et un meilleur résultat encore quand la tendinopathie est traitée en phase subaiguë » , a ajouté notre confrère.

Si l'utilisation de corticoïdes est contre-indiquée en début de tendinite, notre confrère précise avoir eu parfois recours aux AINS préalablement à l'injection de RenuTend ND. Des traitements de physiothérapie, laser notamment, peuvent aussi être utilisés en complément même si la synergie n'est pas documentée.

Amélioration visuelle et clinique

Il a ensuite présenté deux cas cliniques traités avec une injection de RenuTend ND dans lesquels il a observé « une amélioration échographique spectaculaire en huit semaines et une guérison complète en quelques mois avec retour au niveau de performances antérieur ».

Concernant l'efficacité à long terme et la prévention des récidives, Cédric Bocqué a précisé que l'étude terrain avait été menée pendant 3 ans et qu'à l'issue de cette période, 92 % des chevaux du groupe placebo avaient récidivé versus 22 % seulement dans le groupe traité avec RenuTend ND.

* Avef : Association vétérinaire équine française.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1640

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