Premiers retours sur un nouvel anesthésique local longue durée d'action à base de procaïne et d'adrénaline
Mercredi 8 Mars 2023 Animaux de rente 46776Jocelyn Amiot a utilisé Pronestesic ND dans sa clientèle entre décembre 2022 et janvier 2023.
© D.R.
Corinne DESCOURS-RENVIER
Médicament
Melchior Santé animale a organisé en février une série de conférences en ligne, deux mois après la mise sur le marché de Pronestesic ND, un nouvel anesthésique local à longue durée d'action à base de procaïne et d'adrénaline. Ce fut l'occasion de partager avec un confrère praticien les premiers retours du terrain concernant l'utilisation de ce produit chez les animaux de rente et le cheval.
A l'occasion de la mise sur le marché de Pronestesic ND, nouvel anesthésique local longue durée, Melchior Santé animale a organisé en février une série de conférences en ligne donnant aux vétérinaires l'occasion de partager l'expérience de notre confrère Jocelyn Amiot, praticien à Epinac (71), qui a essayé ce nouveau produit sur le terrain.
Une durée d'action doublée par rapport à celle de la procaïne seule
« Pronestesic ND contient non seulement de la procaïne fortement dosée à 40 mg/ml mais aussi de l'adrénaline à la dose de 0,036 mg/ml », explique notre confrère Franck Dairin, directeur général chez Melchior Santé animale. « Cette catécholamine entraîne localement une vasoconstriction, ce qui diminue non seulement les saignements mais aussi l'absorption systémique du produit. »
La durée d'action de Pronestesic ND est ainsi prolongée, ses effets persistant entre 45 et 90 min.
Disponible en flacon de 100 ml, ce nouveau produit dispose d'une AMM* chez les bovins, les ovins, le porc et le cheval. Aucun délai d'attente n'est nécessaire dans ces espèces.
Pour Franck Dairin, la commercialisation de Pronestesic ND illustre parfaitement la volonté de Melchior Santé animale de répondre aux besoins spécifiques des vétérinaires.
Des tests sur le terrain pour définir les protocoles les plus adaptés aux actes courants
Jocelyn Amiot a utilisé Pronestesic ND dans sa clientèle entre décembre 2022 et janvier 2023. Il partage aujourd'hui son expérience.
Pour une anesthésie locale en L inversé, lors d'une césarienne de vache par exemple, notre confrère a utilisé seulement 35 ml de produit, répartis en 5 points d'injection minimum. « Il s'agit d'une quantité plus faible que celle que j'utilise habituellement, quasiment deux fois moins », précise-t-il.
Cependant, la dose doit être augmentée dans certains cas. Ainsi, chez les animaux « viandés », dotés d'une très forte paroi musculaire comme les bleus blancs belges, il faut envisager de monter jusqu'à 40 ou 45 ml, sans toutefois dépasser 50 ml.
Dans environ un cas sur deux, les saignements ont paru limités à Jocelyn Amiot et, surtout, ils semblent s'arrêter plus rapidement, ce qui améliore le confort de travail du vétérinaire. Si cette impression semble partagée par d'autres confrères et consoeurs ayant testé Pronestesic ND, de nouveaux essais sont attendus pour quantifier le phénomène.
« Dans le cadre d'une césarienne, je suis en tout cas satisfait de la sécurité apportée par le produit, autant la mienne que celle de l'animal », conclut Jocelyn Amiot. « La rapidité d'action de Pronestesic ND assure par ailleurs un gain de temps très appréciable ! »
Une amélioration du bien-être des animaux et de la sécurité du praticien
Pour réaliser une épidurale chez un bovin, une dose de 4 ml de Pronestesic ND suffit largement selon notre confrère, qui recommande toutefois de monter à 5 ml en cas de prolapsus utérin. En effet, cette dose améliore à la fois le bien-être de l'animal et la sécurité du praticien.
Pour intervenir au niveau de C1-C2, Jocelyn Amiot conseille de diluer Pronestesic ND dans 4 ml de sérum physiologique. « C'est une façon simple et rapide d'augmenter le volume total injecté et d'éviter d'éventuels problèmes de migration du produit », explique-t-il.
Des indications aussi chez le veau
Jocelyn Amiot a fait un essai associant procaïne 4 % (0,7 ml pour 10 kg) et xylazine (0,1 ml pour 10 kg) pour traiter une fracture du tibia chez un veau charolais.
« Si on descend à 0,5 ml, on peut ajouter du sérum physiologique pour augmenter le volume total », précise-t-il. « Mais attention de ne pas injecter trop rapidement le produit, en raison des risques de migration antérieure et d'atteinte des muscles respiratoires. »
Une diminution des saignements au cours des premières observations
En ce qui concerne l'écornage des bovins, Jocelyn Amiot a fait un essai très satisfaisant avec Pronestesic ND à la dose de 7 ml par salière. « Avec 10 ml, le confort de travail du praticien est optimal », précise-t-il. Chez le veau, les doses conseillées pour l'ébourgeonnage vont de 3 à 5 ml.
Pour une anesthésie sous garrot, en cas d'amputation d'un onglon par exemple, certains vétérinaires ayant testé Pronestesic ND rapportent un manque de confort de travail à la dose de 20 ml. Jocelyn Amiot suppose que la vasoconstriction quasi instantanée due à l'adrénaline nuit dans ce cas à la diffusion du produit. Pour sa part, notre confrère ne constate aucun problème à la dose de 30 ou 40 ml.
Les premiers résultats semblent également satisfaisants en ce qui concerne l'anesthésie locale podale mais davantage de retours sont nécessaires d'après le conférencier.
Des résultats encourageants chez le cheval
Notre confrère a fait un essai chez le cheval lors d'une castration, à raison de 12 ml de produit injectés dans le cordon testiculaire et de 10 ml dans le scrotum. Il rapporte très peu de saignements lors de l'incision cutanée.
« L'utilisation de Pronestesic ND est particulièrement appréciable chez les animaux les moins dociles, car la dose à administrer est plus faible », précise Jocelyn Amiot. « Plusieurs de mes confrères ont par ailleurs trouvé ce produit parfait pour l'âne. »
Un autre essai a été effectué chez le cheval lors de l'extraction d'une tumeur cutanée de type sarcoïde. Des petites doses ont été injectées en périphérie de la masse. L'expérience du conférencier est très positive dans ce cas, en raison notamment de la diminution des saignements.
Des études complémentaires sont cependant nécessaires pour évaluer les risques de nécrose cutanée chez le cheval, particulièrement élevés dans cette espèce en raison de la finesse de la peau. Des cas ayant été décrits en Belgique avec des produits analogues, Jocelyn Amiot conseille de rester vigilant.
Et les petits ruminants ?
Pronestesic ND possède une AMM chez les ovins mais pas chez les caprins.
Dans ces deux espèces, Jocelyn Amiot suggère de commencer par une dose équivalant à la moitié de celle de lidocaïne utilisée habituellement et d'observer le résultat. Un essai satisfaisant a ainsi été réalisé sur une césarienne de brebis par une consoeur.
Pronestesic ND est commercialisé depuis deux mois en France mais il existe déjà de nombreuses données bibliographiques concernant des produits similaires dans d'autres pays, notamment en Belgique.
Les premiers retours du terrain sont globalement positifs, même si d'autres avis sont attendus pour préciser les protocoles à respecter lors des interventions le plus courantes, chez les animaux de rente comme chez le cheval. ■
Encore plus d'infos !
La conférence est disponible sur demande auprès des GTV Bourgogne-Franche-Comté, courriel : GTVBFC@gmail.com
* AMM : autorisation de mise sur le marché.