Pathologies articulaires du chien et du chat en croissance : rappels sur le diagnostic et la prise en charge
Mercredi 18 Décembre 2024 Animaux de compagnie 52375© Lienkie - Fotolia com
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Chaque mois, le Dr Aymeric Mauverou, consultant expert Agria Assurance pour animaux, vous présente un cas pratique et fréquent, pris en charge par le service remboursement d'Agria. Ce mois-ci, sont présentées les affections articulaires du chien et du chat en croissance. Les pathologies articulaires sont fréquentes chez les animaux en croissance, notamment chez le chien. Ces affections, souvent liées à des facteurs génétiques, nutritionnels et environnementaux, nécessitent une prise en charge précoce pour assurer une bonne qualité de vie à long terme. Cet article passe en revue les principales affections articulaires chez le chien et le chat en croissance, ainsi que les approches diagnostiques et thérapeutiques à privilégier.
1. Dysplasies de la hanche et du coude
Dysplasie de la hanche
La dysplasie de la hanche est une pathologie fréquente chez les chiens de grande et moyenne taille. Cette affection est caractérisée par une laxité excessive de l'articulation coxo-fémorale, entraînant une incongruence entre la tête fémorale et l'acétabulum.
- Signes cliniques : Les signes apparaissent généralement entre 4 et 12 mois et incluent une boiterie des membres postérieurs, des difficultés à se lever et une intolérance à l'effort. À la palpation, une douleur à l'extension et à l'abduction de la hanche est souvent présente.
- Diagnostic : Il repose sur la radiographie, idéalement réalisée sous sédation pour une évaluation précise et permettre une gradation de la dysplasie (A = aucun signe à E = dysplasie sévère). La méthode de PennHIP (distracteur) peut être utilisée chez les jeunes chiens (entre 10 et 20 semaines) pour évaluer la laxité et envisager une correction chirurgicale précoce.
- Prise en charge : Elle dépend principalement de l'âge et du degré de dysplasie. Chez les très jeunes animaux, une chirurgie correctrice peut être envisagée : symphysiodèse pubienne juvénile lors de dysplasie détectée avant l'âge de 20 semaines ou triple ostéotomie du bassin sur des animaux jusqu'à l'âge de 12 à 15 mois maximum. Chez les animaux plus âgés, une prothèse totale de hanche peut être envisagée.
En cas de dysplasie modérée et peu douloureuse, une gestion médicale est possible à l'aide de traitements anti-inflammatoires et chondroprotecteurs.
Dysplasie du coude
La dysplasie du coude est un groupe d'affections touchant principalement les chiens de grande race. Elle inclut plusieurs anomalies de développement : la fragmentation du processus coronoïde médial (FPCM), l'ostéochondrite disséquante (OCD), l'incongruence articulaire et la non-union du processus anconé (NUPA).
- Signes cliniques : La boiterie de l'un ou des deux membres antérieurs apparaît souvent entre 4 et 8 mois. L'examen clinique révèle une douleur à la flexion et à l'extension du coude, ainsi qu'une diminution de l'amplitude de mouvement.
- Diagnostic : La radiographie permet de visualiser les anomalies osseuses, mais le scanner est recommandé pour une évaluation plus précise des structures osseuses.
- Prise en charge : La gestion conservatrice (anti-inflammatoires, physiothérapie) est possible dans les cas légers. Les cas sévères nécessitent une intervention chirurgicale, comme une arthroscopie pour retirer les fragments (OCD ou fragmentation du processus coronoïde) ou une ostéotomie correctrice (incongruence articulaire).
2. Ostéochondrite disséquante (OCD)
L'OCD est une affection de la maturation du cartilage qui touche les articulations des chiens de grande race en croissance rapide. L'affection résulte d'une défaillance de l'ossification endochondrale, entraînant un épaississement du cartilage, une moins bonne vascularisation et la formation de fissures.
- Articulations touchées : L'épaule (la tête humérale) est le site le plus fréquent, mais l'OCD peut également affecter le coude, le genou (condyle fémoral médial), et le jarret (lèvre latérale du talus).
- Signes cliniques : Les signes apparaissent souvent entre 4 mois et 1 an, avec une boiterie persistante, aggravée par l'exercice. La douleur est notable à la palpation et manipulation de l'articulation concernée.
- Diagnostic : La radiographie permet souvent de visualiser les zones de dégénérescence cartilagineuse, mais l'examen scanner reste plus précis (surtout dans les cas précoces).
- Prise en charge : Le traitement chirurgical (arthroscopie ou arthrotomie pour retirer le fragment de cartilage) est recommandé pour améliorer le pronostic fonctionnel. La gestion du poids et une activité physique modérée sont également essentiels.
3. Panostéite
La panostéite est une inflammation transitoire de la moelle osseuse touchant les os longs, fréquente chez les chiens de grande race entre 5 et 18 mois. Les Bergers Allemands sont prédisposés.
- Signes cliniques : Les animaux présentent une boiterie aigüe et souvent changeante (atteignant plusieurs membres les uns après les autres) accompagnée de douleurs à la palpation/pression des os longs (humérus, radius, fémur).
- Diagnostic : La radiographie révèle des zones d'opacification intra-médullaire au sein des os longs. Ces modifications peuvent évoluer et disparaître au fil du temps.
- Prise en charge : Le traitement est symptomatique (anti-inflammatoires voire antidouleurs si besoin et repos). L'évolution est généralement favorable avec la disparition des signes cliniques au bout de quelques semaines.
4. Luxation des rotules
Cette affection rentre dans le cadre de notre revue car son origine est le plus souvent congénitale ou développementale, mais des cas liés à un traumatisme peuvent être rencontrés. De plus, son diagnostic et son traitement interviennent régulièrement à l'âge adulte.
La luxation de la rotule touche principalement les chiens de petite race, mais elle peut également survenir chez les races de grande taille. Elle est due à une déformation anatomique du fémur et du tibia, créant un mauvais alignement de l'appareil extenseur du genou.
- Signes cliniques : La luxation est souvent bilatérale (50 % des cas) et entraîne une boiterie intermittente parfois peu marquée avec simplement une démarche anormale. La luxation de rotule prédispose à la rupture du ligament croisé crânial (RLCA).
- Diagnostic : L'examen clinique est souvent suffisant pour diagnostiquer la luxation de rotule (test de luxation en extension) et permet de grader la luxation :
> Grade 1 : La rotule peut être luxée manuellement mais se remet en place spontanément.
> Grade 2 : La rotule se luxe occasionnellement mais se replace. Elle est en place la plupart du temps.
> Grade 3 : La rotule est luxée le plus souvent mais peut se remettre en place à la manipulation.
> Grade 4 : La rotule est luxée en permanence et elle ne peut pas être remise en place manuellement.
La radiographie permet de visualiser la gravité des déformations osseuses.
- Prise en charge : Les luxations de grade 1 à 2 peuvent être traitées de façon conservatrice (anti-inflammatoires, gestion du poids), mais les luxations de grade 3 à 4 nécessitent une correction chirurgicale (réalignement de la tubérosité tibiale, trochléoplastie et imbrication latérale de la capsule articulaire).
5. Pathologies articulaires du chat en croissance
Les pathologies articulaires sont moins fréquentes chez le chat en croissance que chez le chien, mais certaines affections méritent d'être mentionnées.
Dysplasie de la hanche chez le chat
La dysplasie de la hanche peut également toucher les chats, en particulier les races géantes comme le Maine Coon. Les signes cliniques sont souvent moins prononcés que chez le chien et peuvent se limiter à une intolérance à l'exercice ou une diminution de l'activité.
- Diagnostic : Comme chez le chien, la radiographie est essentielle pour évaluer la congruence articulaire et la présence d'arthrose.
- Prise en charge : La gestion est généralement conservatrice (contrôle du poids, anti-inflammatoires ou antidouleurs), mais une prothèse totale de hanche peut être envisagée dans les cas sévères.
Luxation des rotules chez le chat
Les luxations de rotule, bien que rares, peuvent survenir chez le chat, souvent à la suite de traumatismes. Elles se présentent sous forme de boiteries intermittentes ou d'une démarche anormale.
- Diagnostic : Comme chez le chien, la radiographie et l'examen clinique permettent de diagnostiquer cette affection.
- Prise en charge : Le traitement est souvent chirurgical pour rétablir la stabilité du genou.
6. Points clés de la prise en charge
- Importance du diagnostic précoce : Il permet d'orienter la gestion thérapeutique et d'éviter la progression des lésions.
- Rôle de la gestion du poids : Le contrôle du poids et l'activité physique douce (marche, nage) sont cruciaux pour réduire la charge sur les articulations, conserver la masse musculaire et améliorer la mobilité articulaire.
- Communication avec le propriétaire : Expliquer les options thérapeutiques, les pronostics et les limitations des traitements (conservateurs ou chirurgicaux) est essentiel pour une bonne gestion des attentes des propriétaires.
- Collaboration avec des spécialistes : Pour les cas nécessitant une chirurgie complexe, une orientation vers un spécialiste en chirurgie orthopédique est souvent nécessaire.
Conclusion
Les pathologies articulaires chez le chien et le chat en croissance nécessitent une prise en charge adaptée pour garantir une bonne qualité de vie à long terme. Une évaluation clinique rigoureuse, associée à un diagnostic précis et à une gestion précoce, permet de limiter les séquelles et de garantir un meilleur pronostic. La collaboration entre le vétérinaire généraliste, le spécialiste et le propriétaire est la clé pour une gestion réussie de ces pathologies complexes. ■