Influenza aviaire : les autorités appellent les professionnels, dont les vétérinaires, à se faire vacciner contre la grippe saisonnière
Les autorités sanitaires et le ministère de l'Agriculture ont décidé d'étendre à l'ensemble du territoire la surveillance active de la grippe aviaire chez les personnes exposées aux virus afin de pouvoir confirmer, de manière précoce, d'éventuels cas humains et mettre en place les mesures de gestion adaptées.
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Santé publique
Au-delà des professionnels des filières aviaires et porcines, les autorités invitent cette année les vétérinaires, les agents des directions départementales de protection des populations se déplaçant dans les exploitations et les personnes mobilisées dans le cadre du réseau Sagir à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Il s'agit notamment de réduire le risque d'émergence d'un nouveau virus influenza, d'origine aviaire, en santé humaine.
Face à la hausse du nombre de foyers d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en France, les ministères de la Santé et de l'Agriculture et l'Anses* ont annoncé, le 27 novembre, renforcer « leur coopération dans la prévention, la surveillance et la lutte contre les virus IAHP » et « réévaluer le risque pour la santé humaine ».
Vis-à-vis de ce dernier risque, ils rappellent notamment que « la vaccination contre la grippe saisonnière pour les professionnels exposés à des animaux est fortement recommandée et prise en charge par l'Assurance maladie ».
Des bons de vaccination
« Cette vaccination protège les professionnels contre le virus de la grippe saisonnière. Ainsi, en cas d'exposition à un virus aviaire, le risque de co-infection est limité, ce qui contribue à réduire le risque d'émergence d'un nouveau virus influenza, d'origine aviaire, mais ayant acquis à partir du virus saisonnier des caractéristiques facilitant l'infection des humains ou la transmission interhumaine », expliquent-ils.
Cette année, ils invitent, au-delà des professionnels des filières aviaires et porcines, « les vétérinaires, les agents des directions départementales de protection des populations se déplaçant dans les exploitations et les personnes mobilisées dans le cadre du réseau Sagir (surveillance des maladies de la faune sauvage) (...) à se faire vacciner ». « L'Assurance maladie et la Mutualité sociale agricole sont en charge d'envoyer des bons de vaccination à l'ensemble de ces professionnels. »
Les autorités soulignent qu'actuellement, les virus influenza aviaires circulent activement à l'international et en Europe. Ainsi, le nombre de foyers d'IAHP en élevages de volailles augmente rapidement en France (plus de 60 élevages concernés au 27 novembre) et dans les pays voisins : « il se situe à des niveaux supérieurs à ceux observés à la même période au cours des deux années précédentes ».
Elles rappellent que les oiseaux migrateurs représentent un risque important de diffusion du virus. Par ailleurs, ces virus peuvent également infecter des mammifères. Ainsi en France quatre renards et une loutre ont été trouvés infectés récemment. « Du fait de l'intense circulation des virus IAHP en France et au sein de plusieurs espèces animales, le risque d'exposition humaine s'accroît », soulignent-elles.
Risque faible à modéré
Santé publique France, l'Anses et l'Institut Pasteur ont ainsi réalisé une analyse du risque sanitaire. Il en ressort que le niveau de risque est estimé à « faible » pour la population générale et « faible à modéré » pour les personnes les plus exposées, en particulier les personnes travaillant au sein d'élevages de volailles.
En parallèle, les autorités sanitaires et le ministère de l'Agriculture précisent étendre à l'ensemble du territoire la surveillance active de la grippe aviaire chez les personnes exposées aux virus afin de pouvoir confirmer, de manière précoce, d'éventuels cas humains et mettre en place les mesures de gestion adaptées. « En parallèle et par mesure de précaution, l'ensemble des professionnels de santé ont été sensibilisés pour détecter rapidement tout cas humain », indiquent-ils.
En santé animale, ils rappellent que le niveau de risque vis-à-vis de l'IAHP en élevages a été placé à son plus haut niveau le 22 octobre dernier, ce qui permet d'imposer des mesures de biosécurité renforcées dans les élevages, telles que la mise à l'abri de volailles. Des mesures complémentaires ont été mises en place dans les départements actuellement les plus touchés (Vendée, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Deux-Sèvres) pour limiter la diffusion du virus au sein des élevages de canards et de dindes.
Mise en place depuis octobre 2023, la vaccination obligatoire en France pour les élevages de plus de 250 canards a pour objectifs de réduire le nombre de foyers d'IAHP en élevages de canards mais aussi de contribuer à limiter la pression virale et réduire ainsi le nombre de foyers pour d'autres espèces de volailles. La surveillance étroite de l'état de santé des animaux en élevage vise à détecter le plus précocement possible la maladie et prendre les mesures de gestion adaptées.
« Prévenir les foyers d'IAHP en élevage, c'est limiter le risque de diffusion du virus au sein de la population générale », précisent les autorités.
Et d'ajouter qu'il est « fortement déconseillé à la population de toucher des animaux sauvages morts ou malades ». M.J.
* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.





