Fièvre aphteuse : nouveaux foyers en Slovaquie et en Hongrie, désormais au nombre de neuf dans la région (au 1er avril)

Localisation des foyers de fièvre aphteuse détectés en Hongrie et en Slovaquie (situation au 1er avril).

© Plateforme ESA

Epidémiologie

La Slovaquie et la Hongrie enregistrent de nouveaux foyers de fièvre aphteuse, les 30 mars et 1er avril, portant à neuf le nombre de foyers dans la région. Le sérotype en cause est de type O et il s'agit plus précisément de la souche O/ME-SA/Pan-Asia2/ANT-10, voisine de souches isolées au Pakistan en 2017-2018. Cette souche diffère de celle détectée chez des buffles d'eau en Allemagne en janvier, dont la séquence était proche d'une souche présente en Turquie.

La fièvre aphteuse progresse en Slovaquie et en Hongrie avec la détection de nouveaux foyers, portant à neuf le nombre total de foyers de la maladie dans la région, alerte le 1er avril la Plateforme Epidémiosurveillance en santé animale (ESA). « Cette situation est susceptible d'évoluer rapidement », prévient l'Anses* sur son site web.

Un cinquième foyer de la maladie a en effet été détecté, le 30 mars, en Slovaquie dans un élevage de 3 526 bovins, situé à Plavecký Stvrtok, à environ 60 km au nord-ouest du quatrième foyer enregistré le 24 mars et à environ 10 km de la frontière avec l'Autriche.

Par ailleurs, deux nouveaux foyers ont été détectés, le 1er avril, en Hongrie, dans des exploitations de 1 012 et 2 498 bovins situées le long du Danube au sein de la zone réglementée supplémentaire, portant à quatre le nombre de foyers déclarés dans ce pays.

Lien épidémiologique probable entre le cinquième foyer slovaque et le second foyer hongrois

Le cinquième foyer slovaque pourrait être en lien épidémiologique avec le second foyer hongrois (à Levél), avance la plateforme ESA, en se basant sur des déclarations des autorités sanitaires locales dans les médias.

Le premier foyer de la maladie dans cette partie de l'Europe centrale avait été détecté le 3 mars en Hongrie (lire DV n° 1745). Le sérotype en cause est de type O et il s'agit plus précisément de la souche O/ME-SA/Pan-Asia2/ANT-10, proche de souches isolées au Pakistan en 2017-2018, explique la Plateforme ESA. La souche isolée en Slovaquie est identique à celle isolée en Hongrie.

En revanche, cette souche est différente du sérotype O isolé en janvier en Allemagne chez des buffles d'eau (lire DV n° 1738). Il s'agit dans ce cas d'un topotype ME-SA, lignage SA-2018 (O/ME-SA/SA-2018) émergent, rapporté pour la première fois en Inde en 2018 et, depuis, détecté au Sri Lanka, au Népal, au Bangladesh, à Oman, aux Emirats arabes unis, en Iran, en Palestine et en Turquie. L'analyse phylogénétique a révélé que la séquence du virus allemand était proche de la souche sévissant en Turquie.

Des lacunes dans le dispositif slovaque

Par ailleurs, un rapport des services vétérinaires de la Commission européenne pointe certaines failles dans le dispositif des autorités slovaques pour faire face à l'épizootie.

Globalement, le rapport des experts de l'Union européenne, qui se sont rendus sur place entre le 24 et le 27 mars (suite à la découverte des premiers foyers), indique qu'aucune lacune majeure « n'a été identifiée dans la stratégie globale de lutte contre la maladie mise en oeuvre » par la Slovaquie. Mais ils notent des retards dans la collecte et le traitement systématique d'informations épidémiologiques importantes (par exemple, le suivi des résultats de traçage, la mise en relation des résultats de laboratoire avec l'enquête épidémiologique, etc.) ainsi que l'absence d'un organe central de contrôle des maladies.

La presse locale a aussi relayé des vidéos montrant des camions transportant les animaux abattus dans des conteneurs partiellement ouverts suscitant des inquiétudes chez le voisin tchèque.

En complément des zones de protection et de surveillance mises en place en Hongrie et en Slovaquie, une zone réglementée supplémentaire a été instaurée dans l'Est de l'Autriche, le Nord-Ouest de la Hongrie et le Sud-Ouest de la Slovaquie.

Respecter les mesures de biosécurité en France

En France, la Direction générale de l'alimentation avait appelé, dès le 24 mars, les filières animales au « strict respect des mesures de biosécurité par le personnel (en particulier s'il s'est rendu ou se rend régulièrement dans des pays infectés) et par tous les intervenants extérieurs à l'élevage ».

« L'usage de sas sanitaire, le changement de tenue, le lavage des mains et le nettoyage/désinfection des véhicules extérieurs sont décisifs en termes de biosécurité », avait-elle ajouté.

Des mesures qui préviennent aussi le risque d'importation accidentelle de la peste des petits ruminants depuis la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie ou la Grèce.

La Hongrie et Slovaquie n'avait pas été touchées par la fièvre aphteuse depuis plus de 50 ans. L'origine exacte de l'infection demeurait toujours inconnue au 1er avril, de même que pour le foyer allemand de janvier. M.J.

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1749

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